Novembre 2002 – Vino Veritas

Anne Gros : La sensibilité féminine entre deux passions, ses vins et sa vie de famille.

Depuis plus de dix ans, Anne Grois fait l’unanimité des dégustateurs et -trices qui, au fil des millésimes, s’accordent à ériger son Clos de Vougeot et son Richebourg au rang de référence.
Ceci dit, le reste de la cave, toujours dans un style où la finesse de grain et de tannin virevolte en compagnie de la structure, vaut tout autant le détour ; le Vosne 2001, par exemple, est superbe de densité ! Le nom etait connu, encore fallait-il imposer un prénom … de femme qui plus est ! Voilà une évolution qui lui tient particulièrement à coeur, à savoir l’émergence d’une présence féminine « reconnue » dans le monde viticole. Ostracisé jadis de la cuverie, le sexe (dit) faible poursuit « dans l’ombre » son travail d’une redoutable efficacité, mais affirme de plus en plus ses compétences au grand jour à tous les postes clés de l’élaboration du vin, écornant au passage l’orgueil de certains mâles toujours convaincus que sans eux le vignoble ne tournerait pas rond.

« La décennie fut marquée par une succession de bons millésimes, enchaine-t-elle, soutenue par des progrès qualitatifs tant en viticulture qu’en oenologie. »
Rendement par cep, vendanges vertes, taille royat, analyses des sols et impasse sur les engrais, … les réflexions (et les applications) vont bon train dans le chef de cette jeune viticultrice de 35 ans pour un objectif : « ne pas exercer son métier comme un fonctionnaire de la treille, mais réussir un vin dans lequel on se projette. »
Elle aussi insiste sur cette ouverture qui l’incite à goûter les vins des collègues et l’amène à apprécier des flacons du monde entier. Enfin, autre signe d’évolution, elle entend préserver farouchement une qualité de vie auprès de ses trois enfants, trois autres petits ceps, souhait rendu possible par un rapport offre (6,5 ha)/demande favorisé, malgré les prix élevés, par la réputation de Vosne-Romanée, mais surtout par la régularité du niveau qui fidélise inévitablement la clientèle.
Et puis il y a l’accueil qui se veut « professionnel et convivial », rehaussé d’un charmant sourire.