Culture

La conduite de la vigne

Toutes les petites ou grandes actions sont importantes pour conduire une vigne et obtenir un vin de qualité. Tout doit se faire en harmonie, dans une écoute constante. Le Pinot Noir est un cépage sensible et sans doute un des plus ingrats… Il arrive qu’il déçoive, parfois momentanément, ou qu’il se cache dans les vins produits, par pudeur ou timidité. Il arrive que des vins à priori fluets, reprennent de la vigueur avec l’âge et que des vins bien assis ne s’ouvrent jamais complètement.

Toujours soucieuse de pratiquer une viticulture la plus respectueuse de l’homme, de la plante et du terroir, Anne s’est intéressée très tôt à la culture dite « biologique » sans toutefois y trouver un plein épanouissement. La préservation de la bio-diversité, la santé des vignerons, le problème du tassement des sols, la consommation énergétique, la recherche pour limiter les intrants sont des pistes de travail constantes et ne correspondent à aucun label satisfaisant. Anne aime à parler de viticulture intuitive, réfléchie et raisonnable, celle qui correspond à un travail de vigneron.

Tout est constamment repensé et adapté en fonction des conditions climatiques et de la réponse de chaque vigne. Le travail des sols et la gestion de l’herbe sont au cœur de la réflexion, et l’enherbement est pratiqué quand estimé nécessaire. Le vin qui sera obtenu portera en lui toutes les caractéristiques de sa genèse.

Le printemps

C’est la période où la végétation ne demande qu’à exploser. On en ressent toutes les tensions. On profite de la montée de sève qui fait barrage à pas mal de maladies du bois pour terminer la taille. C’est le dernier coup de sécateur pour sculpter le cep pour l’année.

Le 1er griffage du sol refoule le tapis végétal au rang d’engrais azoté. Le rythme des passages est d’environ toutes les trois semaines en fonction de la pluviométrie.

L’état du palissage doit alors être soigneusement vérifié et réparé avant d’attacher les baguettes sur leur fil de conduite, arcure marquée, de façon à limiter l’enchevêtrement de la végétation future.

Au mois de mai, après le risque des gelées printanières, il nous incombe d’épamprer sévèrement les jeunes pousses indésirables. On appelle cette opération la taille en vert, l’épamprage ou l’évasivage ou bien encore l’echtinnage, l’echtonnage… Aération, potentiel de charge et taille future sont les paramètres qui guident chaque geste.

C’est aussi le temps des premières contaminations de mildiou et d’oïdium et leur cortège de traitements préventifs ou curatifs rythmés en fonction des températures et de la pluviométrie.

L’été

La croissance de la vigne va parfois si vite en mai et juin que l’on ne cesse de courir d’une parcelle à l’autre pour relever la végétation, palisser, craignant la casse des rameaux par le vent, la pluie, la grêle… ou même leur propre poids.

Le 1er rognage a lieu en général vers la floraison.

L’automne

Début septembre, on effectue le dernier rognage. Puis, on enlève les crochets de palissage pour faciliter les vendanges tout en finissant d’éclaircir le feuillage et les raisins si nécessaire.

Les vendanges sonnent la fin de l’été.

Elles ont lieu généralement en septembre même si quelques années sont précoces (2003, 2007, 2011, 2020) et d’autres très tardives (2013, 2016).

Les prélèvements de maturité, l’état sanitaire des raisins et les spéculations sur la météo déterminent la date des vendanges.

Des travailleurs occasionnels sont recrutés pour 7 à 8 jours de coupe souvent non consécutifs, sur une période s’étalant sur 2 semaines. Les raisins sont triés à la coupe et sont sortis de la parcelle à la hotte. Des petits bacs de 500 kg sont régulièrement acheminés à la cuverie pour un deuxième tri sur table vibrante afin de ne garder que le meilleur du fruit.

Le cycle végétatif se termine doucement. La sève redescend en suivant les températures, les feuilles se colorent rapidement de camaïeux d’or et de pourpre, puis tombent à la 1ère gelée.

Le pré-taillage mécanique peut commencer dès que le sol a une bonne portance. A la mi-novembre, on commence la taille d’hiver en éliminant le vieux bois.

L’hiver

C’est une phase de dormance pour la plante mais une phase active pour le vigneron tailleur. Puis se succède le tirage ou le brûlage des sarments.

Le gel exerce son action mécanique et sanitaire. Seules la neige et les grandes gelées empêchent le travail dans les vignes.